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ET POURTANT NOUS N’ETIONS QUE DES ENFANTS

 



Quand trop de sécheresse brûle les cœurs,
Quand la faim tord trop d’entrailles,
Quand on verse trop de larmes,
Quand on bâillonne trop de rêves,
C’est comme quand on ajoute
Bois sur bois sur le bûcher,
A la fin, il suffit du  bout de bois d’un esclave
Pour faire dans le ciel de Dieu et
Dans le cœur des hommes……
LE PLUS ENORME INCENDIE.



Mouloud MAMMERI



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A la fin de 1954 où tous les espoirs étaient encore permis, personne n’avait parlé de réformes et encore moins de justice. Seul, Mendes-France avait annoncé la stricte application du décret de 1947 à savoir : l’indépendance du culte musulman, l’enseignement  de l’Arabe, le droit de vote de la femme algérienne et surtout l’administration des communes mixtes par des conseils élus au suffrage universel.

Renversé la même année et obligé de démissionner, il déclarait alors  qu’il ne pouvait y avoir en Algérie que deux politiques : l’une d’entente, l’autre de répression avec ses horribles conséquences.

Apparemment, la seconde fut choisie et on avait oublié l’Italie et le Monte Cassino, la France, l’Allemagne où ils étaient venus, par dizaines de milliers  délivrer la France du nazisme.

Parmi eux, au premier rang avec les « pieds noirs », des Algériens naguère appelés « indigènes » à qui on avait fait des promesses.

L’injustice, les promesses non tenues et l’humiliation de mai 1945 à Sétif et ailleurs, firent naître la haine. Dans ce conflit qui ensanglanta l’Algérie, il n’est pas une famille qui n’avait été touchée. Ils furent des milliers, des dizaines de milliers de morts de blessés. Aucune couche sociale ne fut épargnée. Il y avait parmi les victimes des hommes, des femmes, des enfants, des ouvriers, des commerçants, des dockers, des médecins, des étudiants, des enseignants, des riches, des pauvres, des chômeurs, des anonymes et tant d’autres.


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Aujourd’hui, j’ai souhaité modestement, par la voix de deux enfants (l’un Français, l’autre Algérien), trop vite grandis malgré eux mais avec leurs réflexions, leurs langages, leurs modes de pensée, leurs sensibilités, leurs craintes et leurs espoirs, imaginer un roman pour apporter un témoignage sur l’amitié de deux êtres que tout appelait  à s’affronter, à se haïr et surtout pas, un jour, à se lier d’amitié.

Ces enfants d’Algérie (1954-1962), « ces oubliés de cette drôle de guerre », ces enfants « otages de l’histoire », témoigneraient aujourd’hui à leur manière de ce qu’ils ont vu, subi, cru et surtout espéré.

Ils seraient formels. Une tranche de leur vie, et de loin la plus importante, leur a été ôtée à tout jamais. Ils ne l’oublieraient pas car ils en ont été handicapés. Personne ne pourrait le leur redonner. Je souhaitais leur donner l’occasion d’exorciser ces souvenirs enfouis qui font mal.

Des bribes de cette vie seraient retranscrites dans ce futur roman. D’autres, volontairement ou inconsciemment seraient négligées, « peut être » effacées parce que contenant des passages trop pénibles, trop fulgurants, trop déchirants ou transformés.

Victimes d’évènements tragiques, évènements qui les ont longtemps dépassés, effrayés et déchirés, ces deux enfants seront, toujours et malgré eux les témoins impuissants, à travers le monde, de guerres massacreuses d’enfants et d’innocence. Leur amitié durera toujours.

Forts de caractère, ils décideront de reconstruire, avec lucidité et abnégation, ces ponts du renouveau, ces ponts d’amitié et de respect si secrètement espérés par des âmes et des cœurs déchirés. Ils scelleront des liens neufs et solides mais pour cela, ils espèreront faire taire l’orgueil, la haine, le racisme et ouvrir la voie, le cœur et la raison à l’espérance pour qu’enfin l’on puisse ça et là accueillir un frère, un ami que l’histoire aura éloigné des uns et des autres. Ils réconcilieront les adultes, responsables de tous leurs maux, et leur demanderont de pardonner sans oublier comme eux auront su pardonner alors qu’ils n’étaient que des enfants.

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L’Algérie au cœur, à travers son projet de « TOURISME CHEZ L’HABITANT »,  souhaite et espère en tendant la main à tous ceux qui veulent  comme ces deux enfants d’hier, adultes d’aujourd’hui, chacun à sa manière, écrire avec elle  quelques pages de  cette belle histoire d’amitié et de fraternité  en venant découvrir  ou redécouvrir ce pays  et son peuple si passionnants.




Ahmed OUAZINE